En 2022, l'Agence spatiale européenne (ESA) et l'Institut universitaire européen (IUE) ont créé une bourse de recherche de troisième cycle. Ce programme, financé par l'ESA, visent à soutenir les projets de recherche exploitant le fonds ESA conservé aux Archives historiques de l'Union européenne (AHUE). Deux bourses sont allouées chaque année.
Pawel Frankowski, professeur associé au Département de sécurité nationale de l'Université Jagellonne de Cracovie, et Tonio Savina, qui a récemment soutenu sa thèse de doctorat à La Sapienza à Rome, sont les premiers boursiers de ce programme.
La diplomatie spatiale après la guerre froide
Par hasard, Pawel Frankowski et Tonio Savina s'intéressent tous deux au domaine de la recherche spatiale en tant que voie de coopération et de diplomatie. Alors que Frankowski se concentre sur les relations de l'ESA avec la Russie, Tonio Savina se penche sur les relations entre l'ESA et la Chine.
Frankowski, déjà auteur de travaux sur l'espace et la sécurité, utilise les archives de l’ESA dans le cadre de son nouveau projet "Choisir de collaborer : le rôle des normes dans l'espace extra-atmosphérique dans les relations ESA/Russie 1985-1994".
Il analyse le fonds en vue de découvrir quels types d'instruments et d'actions ont été proposés et leurs résultats, pour une collaboration entre l'ESA et la Russie. Ce qu'il a trouvé d’intéressant jusqu'à présent, c'est la réticence des responsables de l'ESA à poursuivre des partenariats au cours de la période 1990-1992, car « ils n’étaient pas sûrs du type d'acteur qu'allait être la Russie et la communauté spatiale russe ». Pour Frankowski , il est tout à fait clair que le manque d'informations adéquates et appropriées a entravé la collaboration à cette époque. En revanche, l'examen des programmes accomplis entre l'ESA et la Russie révèle une logique distincte de coopération. Au-delà de l’éclairage qu’elle apporte sur l'histoire des activités de l'ESA avec la Russie, cette recherche sera également intéressante pour les spécialistes en relations internationales et en politique comparée.
Se tournant vers un autre acteur spatial de premier plan, Tonio Savina a obtenu sa bourse de l'ESA en novembre pour poursuivre son projet intitulé "Relations astro-politiques entre l'ESA et la Chine à l'ère de l'après-guerre froide : une analyse d'archives".
Savina, qui parle chinois et a récemment terminé sa thèse de doctorat The Chinese Space Program in Perspective: Domestic and Foreign Narratives, est heureux de commencer sa recherche, visant à déconstruire le récit politique qui a dominé l'historiographie des relations spatiales entre l’ESA et la Chine jusqu'à présent. Bien que le projet n’en soit encore qu’à ses débuts, il a déjà le sentiment que la "diplomatie spatiale" a été une arène où les acteurs, notamment les scientifiques, pouvaient contourner les obstacles politiques entre l'Europe et la Chine.
La recherche spatiale aux AHUE
Les deux chercheurs reviendront aux Archives en 2023 pour compléter leurs recherches et exprimer leur enthousiasme pour les archives de l’ESA et l'assistance offerte par les AHUE.
Commentant les outils de recherche des Archives, Frankowski a déclaré : « Mon expérience aux AHUE a été fantastique. » Il a particulièrement noté les fonctions de recherche avancées de la base de données des Archives, qui, selon lui, « sont d'une aide considérable pour les chercheurs » en termes d'accès aux historiques de recherche antérieurs et d'organisation de la recherche. De même, Savina s’est également dit satisfait du « riche ensemble de documents » disponible pour ses recherches et des conseils avisés que lui ont fournis les archivistes des AHUE.
Le prochain appel à candidatures pour la bourse de l’ESA aura lieu au début du printemps 2023.