Le pouvoir des images de transmettre des messages ou de raconter une histoire est indiscutable, et le traitement des photographies et autres supports visuels fait partie de l’activité principale de nombreux services d’archives, dont les AHUE.
Dans un article récemment publié par The European Association for Banking and Financial History (Eabh) concernant les collections audiovisuelles conservées aux AHUE, l'archiviste audiovisuel Juan Alonso explique de quelle manière sont gérées ces collections et aborde la question des défis de la photographie numérique. Pour illustrer ses propos, il s’est intéressé de près à la collection de photos du Fonds de la Banque européenne d'investissement, l'une des institutions européennes qui dépose ses archives aux AHUE.
L'importance du contexte
Selon Juan Alonso, les archives aident à se prémunir contre l'utilisation abusive du matériel audiovisuel, qui peut être décontextualisé et ainsi créer des récits éloignés de leur contexte d'origine.
« Les archives sont l’espace idéal pour conserver et rendre accessible l'information audiovisuelle puisqu'elles fournissent le contexte qui donne au document audiovisuel sa véracité », explique-t-il.
« Aux archives, le document audiovisuel n'est pas isolé et n'a de valeur que dans la mesure où il s'inscrit dans un contexte et donne sens à ce contexte. Les archives permettent aux chercheurs de consulter le document audiovisuel dans le juste contexte et de développer leur propre interprétation sans être manipulés par d'autres récits construits. »
Une étude de cas : photographies de la Banque européenne d'investissement
Pour illustrer le rôle du matériel audiovisuel dans le récit de l'histoire de l'intégration européenne, Juan Alonso a examiné les photographies déposées par la Banque européenne d'investissement (BEI) aux AHUE, dans la série des dossiers traitant des prêts accordés par la Banque entre 1959 et 1971.
Juan Alonso relève les caractéristiques physiques et techniques des photographies conservées dans le fonds BEI et souligne à quel point elles sont contextualisées et liées à des preuves documentaires.
Pour Juan Alonso, « Elles constituent un fantastique témoignage visuel du développement industriel qui a eu lieu dans certaines régions d'Europe au cours des années 50, 60 et 70. »
La photographie numérique : un nouveau défi pour les archives et les archivistes
La numérisation de la photographie a entraîné une augmentation exponentielle de la quantité de matériel produit pour documenter les événements. En outre, les fichiers numériques nécessitent une toute nouvelle approche de la préservation.
Les politiques d'évaluation pour décider ce qu'il faut conserver et ce qu'il faut éliminer sont généralement basées sur deux critères : l'esthétique et le contenu.
Cependant, la notion de respect des fonds est essentielle et les archives doivent se garder de changer, par leur sélection, le récit original. Pour Juan Alonso, le meilleur scénario serait que les unités de production fassent la sélection initiale.
L'engagement des AHUE pour le matériel audiovisuel
Le matériel audiovisuel nécessite un traitement spécifique tant en termes de préservation que de diffusion. En 2016, les AHUE ont créé un poste d'archiviste audiovisuel pour répondre à ces besoins.
Depuis l'arrivée de Juan Alonso à ce poste, les AHUE ont produit et publié des inventaires et des guides de recherche, et établi des protocoles professionnels basés sur des normes pour évaluer, sélectionner, numériser, classer, décrire et préserver la documentation audiovisuelle. En termes de diffusion, les AHUE développent actuellement un portail multimédia pour compléter la base de données des archives.
« Nous sommes très engagés dans la conservation et la diffusion de matériel audiovisuel lié à l'histoire de l'intégration européenne », déclare Juan Alonso.
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