Le Parlement européen nouvellement élu va-t-il prendre un virage à droite ?
« C'est peu probable », explique Luciano Bardi, professeur à mi-temps au Centre de recherche Alcide De Gasperi sur l’histoire de l’intégration européenne (ADG) de l’IUE. « Les chiffres et l’idéologie ne le permettront pas. »
Le professeur Bardi et le chercheur du Centre ADG Jacopo Cellini expliquent les conclusions de leur récent article « Interparty Relations in the European Parliament 1952–2024: Between Cooperative and Adversarial Politics », publié par le Centre d’études européennes Wilfried Martens.
Le Centre Martens, groupe de réflexion du Parti populaire européen (PPE), a chargé les deux universitaires de mener à bien ce projet de recherche. Ce travail s’inscrit dans le prolongement de leur ouvrage de 2020 intitulé : The European ambition: the group of the European People’s Party and European integration.
Ce nouvel article s’appuie à la fois sur des méthodologies historiques et de sciences politiques, explique le co-auteur Jacopo Cellini, membre de l’ADG. « Nous avons utilisé des documents internes et publiés provenant des archives des groupes politiques, des entretiens et des données quantitatives du Parlement européen. Nous nous sommes également appuyés sur des analyses de la cohésion intra-groupe et de l’accord intergroupe telles que celles réalisées par Simon Hix et son équipe, ainsi que sur des recherches sur les coalitions de partis publiées par l’Institut Jacques Delors. Christian Kloetzer, doctorant à l’Université de Milan, a fourni son aide à la recherche, notamment en ce qui concerne la collecte et à l’analyse des sources et des données.
« L’analyse repose sur des données très fiables », a poursuivi le professeur Bardi. « Nous avons utilisé des données officielles du Parlement européen sur la taille des groupes politiques pour calculer des indices de pertinence institutionnelle. » « Ce que nous constatons, c’est que la proximité des conservateurs européens avec le PPE est nettement inférieure à celle des libéraux », a expliqué Bardi. « Le PPE devrait opérer un virage à droite très prononcé, au point de devenir anti-européen, pour s’engager dans une telle alliance. Un tel virage signifierait la dissolution de son identité pro-européenne. »
Une fenêtre sur l’histoire des groupes politiques au Parlement européen
Le Centre Alcide De Gasperi, une initiative conjointe du Département d’histoire de l’IUE et des Archives historiques de l’Union européenne (AHUE), est bien placé pour effectuer des recherches sur la dynamique des groupes politiques au Parlement européen. Les AHUE sont non seulement les dépôts des archives historiques officielles du Parlement européen, mais elles conservent également les archives de plusieurs groupes politiques ainsi que de nombreuses archives privées d’anciens députés européens et contiennent des centaines d’entretiens d’histoire orale avec d’anciens dirigeants et élus européens.
« Nous avons contacté tous les groupes politiques », a déclaré le professeur Bardi. « Nous sommes heureux que le PPE ait accepté de collaborer pour poursuivre les recherches sur le Parlement européen. Nous serions ravis de travailler de la même manière avec les autres groupes politiques et fondations européennes. »
Le professeur Luciano Bardi et le chercheur Jacopo Cellini présenteront leur article lors de la conférence multidisciplinaire 'The European Parliament: Past, Present and Future,' qui se tiendra aux Archives historiques de l'Union européenne les 17 et 18 octobre prochains.