« La vie doit être vécue en regardant vers l’avenir, mais elle ne peut être comprise qu’en se retournant vers le passé.»
Dans un entretien au sujet des archives privées qu'il a récemment déposées aux Archives historiques de l'Union européenne (AHUE), David Harley a cité Kierkegaard pour expliquer son habitude tout au long de sa carrière de tenir des carnets de notes des événements auxquels il a assisté dans le cadre de sa vie professionnelle.
« Au début, je les gardais comme des comptes rendus de réunions, pour informer sur ce qui s'était passé, puis j'ai commencé à considérer qu'ils avaient une valeur propre, en tant que tels », a-t-il déclaré. « Parfois, on ne se rend compte de l'importance d'un événement que plus tard ».
Dans les coulisses du Parlement européen
Les trente-cinq années de David Harley au service du Parlement européen (PE) ont été riches en occasions pour être aux premières loges afin d’observer ce qui se disait et se décidait lors des réunions avec les dirigeants et les décideurs politiques à Bruxelles et dans le monde entier.
Entre 1975 et 2010 Harley a occupé différents postes au sein du Parlement européen : il a notamment été conseiller au cabinet du Président Lord Plumb, et au cabinet du Secrétaire général, Enrico Vinci, il a également occupé des postes de haut niveau au sein du groupe socialiste du PE, a été porte-parole du PE et du Président Pat Cox, directeur des médias, et enfin comme dernière fonction, il a été secrétaire général adjoint du PE.
Pour préparer l'inventaire et la description du fonds Mary Carr a travaillé en étroite collaboration avec lui, et a souligné que « sa collection est une reproduction fidèle du fonctionnement interne et externe de l'Union européenne pendant une période cruciale de son histoire, et particulièrement au cours des années 1992-2010".
La trame de l'histoire
Dans un clin d'œil à l'actualité, David Harley rappelle que ses journaux de bord couvrent de nombreuses visites au Moyen-Orient après la signature des accords d'Oslo de 1993 entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine, alors qu'il contrôlait l'aide à la Palestine. « Il y avait un accord tacite entre les États-Unis et l'Union européenne pour prendre parti », explique Harley. « Nous travaillions sur les infrastructures et sur l'amélioration du niveau de vie des Palestiniens. À l'époque, il y avait un réel espoir de paix durable ».
Un autre fil conducteur dans l'histoire de l'UE est révélé dans les carnets de notes de David Harley qui déclare en effet : « Mon mandat a coïncidé avec l'apogée de l'engagement de la Grande-Bretagne envers l'UE. Tony Blair était l'homme politique le plus pro-européen du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a joué un rôle déterminant dans la mise en place de l'UEM et a joué un rôle de premier plan dans l'élargissement. J'ai eu le grand privilège de me rendre assez souvent au 10 de la Downing Street ».
Ces carnets de bord regorgent également d'anecdotes intrigantes, fruit de ses efforts pour illustrer le côté humain du leadership, Harley se rappelle par exemple, du jour où on lui a demandé de préparer une boisson pour la reine Élisabeth lors de sa visite historique au Parlement européen de Strasbourg en 1992. « J'ai laissé la boisson dans sa chambre comme on me l'avait demandé - 2/3 de Dubonnet et 1/3 de gin. Elle a ensuite prononcé un discours extrêmement réussi, marquant la seule fois où un monarque britannique s'est présenté devant les institutions de l'UE » [...] « On m’a dit que le verre a été trouvé vide », ajoute-t-il en souriant.
Les carnets de notes de David Harley sont publiés dans l'ouvrage Matters of Record : Inside European Politics: The Diaries of David Harley 1992-2010.
« Il est important pour le public de voir comment les choses se passent à l'intérieur », a déclaré Harley, « de voir le côté humain du travail dans les institutions. Je suis très reconnaissant à l'Institut universitaire européen et aux Archives historiques de l'Union européenne d'avoir rendu cela possible ».